jeudi 17 janvier 2008

La cantine scolaire de Kabé

Depuis la création de l'école de Kabé, des repas sont servis chaque midi aux élèves. Il est essentiel de pouvoir se nourrir sur place pour les enfants venant de campements éloignés et qui n'ont pas la possibilité de rentrer chez eux. Cette cantine fonctionne grâce aux vivres du programme alimentaire mondial (PAM) et une petite participation financière des parents d'élèves.

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Deux cuisinières bénévoles installent chaque jour leurs marmites sous l'abri en tôle pour préparer les repas. Nous souhaitons prochainement construire un local "en dure" afin de faciliter le travail de ces femmes, notamment lorsqu'il pleut, et de pouvoir ranger leur matériel.

Un centre de santé à Kabé

Le dispensaire de Guéné est la seule structure de l'arrondissement où l'on peut trouver un médecin, un infirmier, une sage femme et une pharmacie. La fréquentation de cet établissement est faible pour plusieurs raisons : l'isolement de certains villages, le coût des soins ou le manque de confiance envers les professionnels de santé. De nombreuses familles se tournent plus facilement vers les marabouts ou les étals de médicaments vendus sur les marchés. Ces produits de contrebande ou de récupération sont vendus sans aucune connaissance médicale et peuvent s'avérer très dangereux.

Afin de sensibiliser la population aux soins et de leur en faciliter l'accès, nous avons proposé au villageois de Kabé d'installer une unité villageoise de santé (UVS) qui profiterait à plusieurs campements à proximité, tous isolés en brousse.

Pour faire fonctionner cette UVS, deux jeunes du village recevront une formation d'aide soignant et deux autres une formation en gestion. Une gestion rigoureuse de ce centre est nécessaire pour qu'il soit autonome financièrement et puisse s'équiper et acheter les médicaments d'usage courant, qui seront bien sûr facturés aux patients.

Le rôle de ce relais de proximité sera de donner les premiers soins, réorienter les patients vers le dispensaire, sensibiliser aux vaccinations, à l'hygiène, à la contraception ...

Ce travail de sensibilisation a déjà commencé depuis quelques mois avec une association de lutte contre le paludisme et la malnutrition qui organise des tournées dans les villages en passant par Kabé un lundi par mois.

L'assainissement de la ville de Guéné

Depuis 2005, six habitants de Guéné qui ont fomé le collectif Kwara Ma Bori (en dendi : "Que le village soit beau"), mènent des actions pour assainir la ville.

Cette démarche pour la propreté passait principalement par des séances de sensibilisation auprès de la population et notamment dans les groupements de femmes. Des campagnes de salubrité étaient ensuite organisées dans la ville les dimanches après-midi pour encourager les habitants à ramasser et brûler les ordures dispersées dans leur maison et leur quartier.

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Deux ans plus tard, la prise de conscience collective est visible dans Guéné mais pour aller plus loin, les moyens matériels et financiers manquent à la ville. C'est pourquoi, après avoir suivi le parcours du collectif et soutenu leur projet auprès de nos partenaires et des colléctivités, nous concrétisons notre collaboration en participant au financement du ramassage et de l'évacuation des déchets de la ville.

Ainsi le collectif a été équipé de brouettes, rateaux, pelles, gants et bottes qui sont à disposition des habitants lors des campagnes de salubrité. De plus des poubelles métalliques sont disposées dans chaque quartier afin de collecter les déchets avant leur ramassage par les charretiers (deux ânes et charettes ont été achetés).

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La cotisation des foyers, fixée à 200 FCFA par mois, devra couvrir les frais de fonctionnement ainsi que les salaires des charretiers. Un fond de roulement a été donné au collectif pour couvrir ces dépenses pendant les six premiers mois avant d'atteindre une certaine autonomie.

Trois types de déchets sont triés : organiques pour le composte, plastiques pour être transformés dans un centre de recyclage à quelques kilomètres, le reste est aujourd'hui évacué dans une décharge à l'extérieur de la ville. Cette solution provisoire est malheureusement identique à de nombreuses villes du nord du Bénin, où il reste beaucoup à faire avant de pouvoir retraiter ou incinérer tous les déchets.

Le maraîchage

Dans la moitié nord du Bénin comme dans une grande partie de l'Afrique de l'ouest, le plat de base à chaque repas est "la pâte" : mélange d'eau et de farine de mil, sorgho ou maïs. Dans les familles les plus modestes, la pâte (blanche, noire ou fermentée) est souvent le plat unique, simplement accompagnée d'une sauce.

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En brousse la culture de ces céréales est la principale activité des hommes avec l'élevage, notamment chez les peuls de tradition semi-nomade. Plusieurs exemples d'associations ou de collectifs agricoles dans la région nous ont conduits à sensibiliser le village de Kabé à la diversification des cultures. De nombreux villageois se sont montrés intéressés par des formations agricoles dont pourraient ensuite béneficier tout le village en cultivant des champs communautaires.

Ainsi 4 hommes seront formés par Saméli Gouda, un agriculteur qui à quelques kilomètres de Kabé fair pousser salades, oignons, piments et pommes de terre. L'association rèmunère Saméli pour ces formations pendant un mois avant que les 4 apprentis ne partagent à leur tour leurs connaissances dans le village.

Ces nouvelles cultures seront pour le village à la fois une source de revenus sur les marchés mais aussi de richesse de leur alimentation.

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L'installation d'un moulin à grains

La base de l'alimentation des habitants de Kabé est la farine. Ils l'utilisent pour réaliser la pâte ou la bouillie. Cette farine est obtenue en pilant des céréales comme le mil, le sorgho ou le maïs. Le pilage est une activité pénible qui occupe une grande partie de la vie quotidienne des femmes et des filles.

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Un membre de l'association s'est déplacé à Kabé en juin 2004 pour équiper le village d'un moulin à grains. L'objectif était de faciliter le travail des femmes car il remplace les longues séances de pilage de céréales ou les 18 km à pied qu'il fallait faire pour aller moudre à Guéné et revenir avec sa farine.

6 mois après l'installation, notre constat était le suivant : le moulin a bien sûr amélioré la vie des femmes et des enfants mais les incidents mécaniques sont un frein à son utilisation. En effet le responsable du moulin, villageois de Kabé, n'est pas au fait des aspects techniques de ce type d'engin. L'association a donc proposé au meunier une formation de 15 jours auprès d'un professionnel pour apprendre la mécanique du moulin et ainsi pouvoir être autonome et réactif.

Les habitants de Kabé et des villages avoisinants utilisent le moulin contre paiement. L'argent récolté sert à rémunérer le meunier et à assurer les éventuelles frais de réparation. Le bénéfice est placé sur le compte de l'Association des Parents d'Elèves pour la gestion de l'école.

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L'alphabétisation

Parmi les habitants de Kabé, seul l'aide instituteur parle français (langue officielle du Bénin). Dès notre premier voyage, il nous a semblé intéressant de proposer des cours d'alphabétisation aux adultes du village, un premier pas pour leur permettre de vivre moins isolés des populations avoisinantes.

Ils sont assurés par l'aide instituteur de l'école que l'association rémunère pour ce travail seulement. Les habitants de Kabé, quant à eux, continuent à le payer pour les cours qu'il dispense aux enfants.

Les plus jeunes adultes du village se sont montrés très motivés par ces cours. Une vingtaine de personnes sont inscrites et participent à 2 heures de cours par semaine.

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Les logements des enseignants

Les directeurs et instituteurs qui sont mutés à l'école de Kabé viennent parfois de régions très éloignées. L'absence de logement et de confort dans le village a souvent poussé les enseignants à louer un logement dans la ville de Guéné, à 9 km.

La piste reliant Guéné à Kabé est en très mauvais état, et presque impraticable pendant la saison des pluies. Cette difficulté de transport faisait partie des mauvaises conditions de travail des enseignants pour qui une mutation dans un village isolé du nord du pays est parfois très mal vécue.

Afin de rendre leurs conditions de travail plus facile, l'association a fait construire un logement dans village pour le directeur, un deuxième pour loger l'aide instituteur est en cours de construction. Ces maisons leur permettront également d'accueillir leur famille s'ils le souhaitent.

Ci-dessous les travaux de finition du premer logement qui ont eu lieu en début d'année 2007 :

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Une école pour Kabé

Ce projet de construction d'un nouveau bâtiment pour l'école de Kabé s'est inscrit dans nos actions visant à améliorer l'accès à l'éducation pour les habitants du village.

Dès notre premier déplacement en 2003, le besoin d'un bâtiment neuf semblait évident pour assurer aux élèves des conditions d'éducation favorables. Pendant plus d'un an, les villageois et membres de l'association se sont mobilisés pour la réalisation de ce projet. Les travaux et l'aménagement des salles se sont achevés en août 2005, et la nouvelle école était ainsi prête à accueillir enfants et enseignants pour la rentrée d'octobre 2005.

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L'ancien bâtiment et le nouveau


La construction a été réalisée de février à mai 2005 afin d'éviter la saison des pluies. Les villageois ont également participé au chantier, notamment en fournissant l'eau et le sable nécessaire.

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L'école abrite 2 salles de classe d'une capacité de 40 élèves chacune, un bureau pour les enseignants et une pièce de rangement pour les fournitures et les vivres de la cantine scolaire.

Un bloc de 2 latrines a aussi été construit à proximité de l'école, le village n'en disposant pas encore.

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Lors de l'année scolaire 2004-2005, 60 élèves étaient inscrits à l'école de Kabé. La capacité d'accueil du nouveau bâtiment est de 80 enfants. Grâce à ces meilleures conditions de scolarisation, les efforts réalisés quant à l'organisation de l'APE, la cantine scolaire, le matériel éducatif ainsi que la sensibilisation en faveur de la scolarisation, nous espérons voir augmenter la fréquentation de l'école.

L'entretien courant du bâtiment et du mobilier sera assuré par l'association des parents d'élèves dont la caisse est alimentée par les cotisations scolaires annuelles et les bénéfices engendrés par le moulin à grains.
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